Au secours !

A la faculté j’ai suivi un cours de communication où l’on apprenait à déchiffrer le langage du corps. Car notre corps parle malgré nous et révèle notre inconscient. Ainsi, en observant la gestuelle et le visage son interlocuteur on peut savoir s’il cherche le contenu de la phrase suivante dans sa mémoire ou dans son imagination, ou encore si votre question touche à son affectif, par exemple. Cette méthode est redoutable lorsqu’elle est maîtrisée. En clair on n’avait pas trop intérêt à mentir à notre professeur de communication.

Il y a notamment un phénomène qui consiste à reproduire inconsciemment la gestuelle de quelqu’un avec qui on souhaite « être en phase » de quelque manière que ce soit. Exemple : l’on avait observé en classe une vidéo d’un patron qui parlait à son employé et celui-ci acquiesçait de la tête, croisait les bras, posait ses mains sur la table… une demie seconde à la suite de son supérieur hiérarchique.

Pourquoi je vous raconte ça ? Et bien l’autre jour en réunion j’avais Le Pti en face de moi (…pourquoi toujours moi !) et j’ai eu besoin de me moucher. Je repose mon mouchoir et là… j’ai eu des réminiscences de mes cours de communication lorsque je le vois se pincer nez brièvement entre le pouce et l’index. Je me dis bon, je spécule sans doute, il voulait juste se gratter le nez.

Puis il me prend faire un petit test, histoire de rigoler avec les collègues à leur retour de vacances : je me gratte l’oreille. Et alors même que je me disais « ça peut pas marcher il n’a pas l’air de m’avoir vue » il porte sa main à son oreille !!! Deuxième coïncidence ou véracité des méthodes de communication universitaires ? Nooon point de coïncidence, et moi je ne souhaite pas du tout du tout « être en phase » avec celui-là !!! Au secours !!

J’ai toujours été super distante avec lui histoire de prévenir ce genre de phénomène avant qu’il en ait l’idée, évitant tout échange quel qu’il soit à moins d’une absolue nécessité. Or, avant cette réunion nous avions été obligés d’échanger dans le cadre professionnel, lui, moi et l’Allemand. Du coup j’ai du relâcher ma garde et faire suffisamment tomber ma froideur pour qu’il se sente encouragé à « être en phase » avec moi, consciemment ou pas…

Ah non ! J’étais décidée à remédier à cela en reprenant le soir même mes glaciales habitudes. J’ai dit « salut » en passant devant son bureau en traçant si vite qu’il l’a entendu sans me voir. Je ne suis pas sure que cela ait suffi car ce matin comme il est arrivé après moi, j’ai eu droit à sa visite pour dire « bonjour », certes furtive et formelle, mais un peu trop souriante à mon goût, je m’efforçai donc de ne pas le lui rendre. Je n’ose pas encore répondre en ne quittant pas l’écran des yeux mais je n’exclus pas si cela s’avérait nécessaire…